Camille Simard
Camille Simard termine actuellement une maîtrise en sociologie, concentration études féministes, à l’Université du Québec à Montréal. Elle est sous la direction de Louis Jacob. Son mémoire intitulé « Découvrir les livres du Remue-ménage… puis les transmettre : Une expérience de lecture des enseignant⋅e⋅s des cégeps québécois » a été déposé en janvier 2021.
Dans le cadre de ce dernier, elle a réalisé des entretiens avec des professeur⋅e⋅s de littérature, de philosophie et de sciences humaines de partout au Québec pour mesurer leur inclinaison à adopter une grille d’analyse féministe dans leur discipline respective. Elle a été à l’emploi des Éditions du remue-ménage de 2016 à 2021.
(source de la photo : Pierre-Paolo Dori)
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Erratum : À 14:53, il aurait fallu entendre « les étudiant-e-s peuvent aussi transmettre à leurs enseignant-e-s » plutôt que « peuvent aussi transmettre à leurs étudiant-e-s ». Autrement, c’est quelque peu circulaire!
Bonjour Camille,
Merci pour cette présentation. J’ai deux petites questions : malgré ton erratum, ne crois-tu pas que les étudiants sont aussi susceptibles de transmettre entre eux, au sein de la classe entendue comme communauté interprétative, une forme de sensibilité éditoriale ? Par exemple si l’enseignant les invitait à commenter le paratexte du livre ou à formuler leurs attendus devant le format et la présentation éditoriale d’un livre, ou encore à énoncer leurs connaissances à propos de telle ou telle maison d’édition ? (À ta connaissance, les enseignants usent-ils de telles approches pour aborder les nouveautés littéraires à l’étude?)
Je me demandais aussi si, d’après ton enquête, les enseignants consultent et utilisent véritablement les fiches pédagogiques produites par les éditeurs. Par ailleurs, celles-ci constituent-elles en partie, pour les éditeurs, des moyens promotionnels camouflés ?
Merci,
Mélodie
Salut Mélodie!
Merci beaucoup pour tes très pertinentes questions. Les étudiant-e-s sont certainement susceptibles de s’influencer entre eux en termes de sensibilité éditoriale, ne serait-ce qu’en discutant informellement (ça arrive plus souvent entre étudiant-e-s qu’entre profs et étudiant-e-s), en se prêtant des livres, en fréquentant les événements littéraires/foires/salons du livre/librairies ensemble ou même en utilisant la pratique du « tag » sur les réseaux sociaux peut-être plus fréquemment que leurs aîné-e-s. En ce qui a trait à questionner les étudiant-e-s sur leurs connaissances éditoriales préalables, je me dis que les enseignant-e-s les plus susceptibles de le faire sont ceux et celles qui sont les plus intéressé-e-s par la communauté littéraire/le milieu du livre. Autrement dit, je pense qu’il faut que l’enseignant-e ait préalablement un intérêt pour la chose éditoriale s’il interroge ses élèves là-dessus, dans la mesure où une telle attention n’est pas obligatoire à la réussite du cours.
Finalement, en ce qui a trait aux fiches pédagogiques, je dirais que tout dépend du contexte dans lequel la fiche est présentée. Si celle-ci est envoyée en même temps que l’infolettre de la maison d’édition par exemple, il y a certes de fortes chances qu’elle soit noyée dans un flux d’informations et peu remarquée par l’enseignant-e. Il faut effectivement partir de la prémisse que les enseignant-e-s sont, plus souvent qu’autrement, submergé-e-s de courriels. Or, si la fiche est présentée par le biais du diffuseur ou du distributeur, lors de rendez-vous pédagogiques avec des responsables de programme par exemple, tout porte à croire que l’attention est davantage canalisée. Le marketing est un autre fascinant dossier. Ayant œuvré dans une maison d’édition constituée en OBNL, je dois admettre que je n’ai jamais ressenti de malaise à avoir les deux pieds dans la promotion. Pour les maisons d’édition « privées », la donne est un peu différente, mais je prendrais le parti de voir le livre comme un produit spécial… Oui, jusqu’à un certain point, il faut assumer que le livre est un produit dont on doit assurer la commercialisation. Or, (je pense humblement) qu’on peut le mettre en marché de façon plus originale et responsable qu’un téléphone cellulaire par exemple. Le milieu du livre étant, au Québec, relativement bien soutenu étatiquement, il est possible de ne pas constamment baigner dans une pure logique de consommation. Bref, qu’en penses-tu?
Bonjour Camille,
Merci pour ta présentation! J’ai une petite question/réflexion un peu confuse. En fait, je me demande si le souci d’une conscience éditoriale sur lequel tu travailles pourrait être relié à un changement dans le statut du livre. En gros, est-ce qu’il y a une continuité entre une revalorisation de l’objet-livre, et ce qui me semble être une volonté croissante des éditeurs et éditrices à participer activement en tant qu’acteurs et actrices de la vie culturelle, en-dehors de la production de livres. Je ne sais pas si j’ai raison, mais j’ai l’impression que les éditrices et les éditeurs prennent de plus en plus position sur les enjeux littéraires ou culturels, au point où certains débats (littéraires ou autres) semblent davantage alimentés par des maisons d’éditions que par les autrices ou les auteurs eux- et elles-mêmes.
Salut Izabeau! Eummm intéressant. Deux éclaircissements : 1. Les prises de position d’éditeurs et d’éditrices dont tu parles, les as-tu vues sur les réseaux sociaux? As-tu des exemples concrets? 2. Quel lien entre le statut du livre et le fait que ce soit l’éditrice (plutôt que l’autrice) qui alimente les débats? Cela dit, je trouve effectivement que les éditeurs et éditrices ont gagné en visibilité dans les dernières années, mais je me demande si une telle impression n’est pas simplement redevable à la bulle (dont tu parlais toi-même dans ta présentation!) dans laquelle je me trouve…