Prune Lieutier
Prune Lieutier est productrice indépendante d’expériences numériques pour la jeunesse, et termine actuellement un doctorat sur la littérature jeunesse numérique à l’UQAM.
Dans le cadre de ses travaux à destination des jeunes publics, elle a eu la charge de nombreux projets innovants, impliquant pour la plupart un vaste écosystème de travail, associant créateurs, développeurs, chercheurs et diffuseurs, notamment Fonfon interactif et le Club des créatures mystérieuses. Elle est également très impliquée dans différentes recherches académiques, pour le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur ainsi que le Fonds de recherche du Québec – Société et culture.
Enfin, elle est la co-fondatrice de l’organisme de production de balados pour enfants La puce à l’oreille.
Vous avez aimé cette communication scientifique? Découvrez les autres de cette deuxième livraison.
Bonjour Prune,
Merci pour cette présentation. C’est toujours un bonheur de t’entendre parler d’édition numérique jeunesse !
J’ai trois séries de questions pour toi (et même plus, mais je vais me limiter!).
D’abord, il est très intéressant de voir que les projets de livres numériques jeunesse qui ont le mieux fonctionné sont ceux qui ont un complément papier et qui, par conséquent, ont bénéficié des « avenues naturelles de découvrabilité du livre », comme tu le dis bien. Mais qu’en est-il pour les livres numériques qui n’ont pas de complément papier? Par quels moyens les découvre-t-on? Sont-ils appelés à avoir leurs propres avenues de découvrabilité? Existe-t-il, par exemple, une sorte de catalogue mutualisé des œuvres numériques jeunesse? A-t-on développé d’autres moyens pour les faire connaitre, les rendre accessibles?
Ma seconde question concerne l’enjeu (ou plutôt le sous-enjeu) du prêt de livres numériques en format application. Je comprends que les applications ne peuvent pas être prêtées par les bibliothèques et que cela constitue un frein important pour la diffusion et la découvrabilité des livres produits dans ce format. Existe-t-il toutefois un autre moyen pour que les bibliothèques contribuent à faire découvrir ce type de livres numériques jeunesse? Par exemple, y a-t-il à ta connaissance des bibliothèques qui organisent des séances de lecture publique de ces livres (en les projetant sur un grand écran) ou encore qui mettent des tablettes à la disposition des jeunes lecteurs qui voudraient y avoir accès lorsqu’ils fréquentent la bibliothèque? Autrement dit, les bibliothèques sont-elles impliquées d’une quelconque manière dans la diffusion de ces livres même si le prêt n’est pas possible?
Ma dernière question, que précéderai d’une petite parenthèse personnelle, concerne le défi des mises à jour et de la pérennité. Je me suis beaucoup intéressée aux livres numériques il y a quelques années et j’ai acheté plusieurs livres applications d’une qualité absolument remarquable (je pense entre autres à la version amplifiée de On the Road, de Kerouac, publiée/développée par Penguin en 2011: https://www.penguin.com/static/pages/features/amplified_editions/on_the_road.php). Malheureusement, pratiquement tous ces livres sont désormais des fantômes qui hantent ma tablette : impossible de les ouvrir ou d’y avoir accès d’une quelconque manière puisque les éditeurs/développeurs ne les ont pas mis à jour… et ne le feront probablement jamais, en raison de l’enjeu financier évoqué dans ta présentation. Ces livres sont donc morts, tout simplement. N’ayant pas envie d’enrichir davantage mon « cimetière personnel de livres numériques fantômes », je n’achète plus de livres dans ce format aujourd’hui. Je suis trop consciente qu’ils risquent fort probablement de mourir à leur tour dès la prochaine mise à jour du système d’exploitation de ma tablette. Je me demande donc : quelles sont les solutions envisagées à l’heure actuelle pour faire face à cet énorme défi des mises à jour et de la pérennité? Est-il juste de croire que malgré ces solutions envisagées – s’il y en a –, l’incertitude liée aux évolutions rapides et imprévisibles des technologies numériques entrainera éventuellement la mort pure et nette du format « livre application »? (Il y a longtemps que je n’ai pas fait de recherches à ce sujet, alors merci d’éclairer ma lanterne!)
Merci d’avance pour tes réponses et à bientôt!
Joanie Grenier
Bonjour Prune,
Merci beaucoup pour ta présentation, très intéressante! J’ai une petite question/réflexion pour toi, qui porte sur le « statut » (je ne sais pas comment dire autrement) du livre numérique, et en particulier du livre numérique jeunesse.
Est-ce que le livre jeunesse numérique doit vraiment nécessairement se placer en rapport avec les livres et la littérature jeunesse, plutôt qu’avec une offre plus large de produits culturels numériques destinés aux jeunes? J’ai noté, dans ta présentation, que le rôle des « passeurs numériques » semble avoir un impact significatif des livres numériques jeunesse. Est-ce que ça veut dire que le format penche plus du côté du numérique que du côté jeunesse? Même réflexion pour ce qui est du problème de la gratuité du contenu numérique accessible en ligne: ça ma immédiatement fait penser aux jeux vidéos, dont le prix élevé me semble beaucoup plus accepté que pour les livres numériques. En gros, est-ce que le livre numérique jeunesse n’aurait pas avantage à se placer du côté d’une offre plus large de contenu « narratif » numérique, incluant des jeux vidéos, des oeuvres interactives, etc. plutôt que de se maintenir proche du format livre papier?
Je suis curieux de savoir ce que tu en penses.