Ophélie Boucher, « Le roman par courriel: un genre en continuité avec le roman épistolaire »

Ophélie Boucher

Ophélie Boucher est présentement étudiante à la maîtrise en études littéraire à l’UQAM. Dans le mémoire qu’elle rédige sous la direction de Bertrand Gervais et qui devrait être déposé en 2025, elle s’intéresse à la façon dont les relations interpersonnelles fictionnelles sont impactées par le numérique. La culture populaire est aussi l’un de ses champs d’intérêt. Elle a d’ailleurs publié un article sur deux réécritures popularisées grâce à BookTok du mythe d’Hadès et Perséphone sur la revue numérique Pop en Stock en 2023. 

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5 réflexions au sujet de “Ophélie Boucher, « Le roman par courriel: un genre en continuité avec le roman épistolaire »”

  1. Bonjour Ophélie
    Grand merci pour cette belle communication autour des romans par courriel. J’aimerais approfondir ma compréhension de la manière dont les courriels sont mis en récit, notamment du point de vue typographique. Est-ce que la page imprimée maintient ou neutralise les éléments typiques des courriels tels que les adresses électroniques, la date, l’heure et l’objet? De plus, en vous écoutant je me suis interrogée sur l’organisation de la narration. Y a-t-il une alternance entre la narration interne des personnages à travers leurs courriels et une narration à la troisième personne ? Les indications temporelles telles que « après 20 secondes », que vous avez mentionnées, semblent suggérer une instance narrative supplémentaire. Le cas échéant, est-ce que cette instance narrative se manifeste à travers d’autres types interventions inusuelles?

    Dans un esprit de partage de ressources et de références, je me permets de vous recommander l’essai « Fragments d’un discours amoureux » de Roland Barthes. Je pense qu’il pourrait vous être utile pour analyser le discours intime, d’autant plus que Barthes y aborde également le thème de la lettre et de l’absence de la personne à qui on écrit.

    D’avance merci!

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    • Bonjour Chiara,
      Merci pour ton commentaire! Dans le roman de Glattauer, « l’enveloppe numérique » n’est pas complète, c’est-à-dire que nous n’y trouvons pas les adresses courriels des correspondants ni l’heure de l’envoie des messages. Par contre, il y a les objets, les date ainsi que le délai de réponse. C’est grâce à ces éléments que nous parvenons à suivre la progression de l’histoire. La mise en page du roman simplifie beaucoup les éléments relatifs aux courriels et je crois que c’est pour alléger la lecture et ne pas surcharger la page d’éléments superflus. Par exemple, puisque les personnages ne changent pas d’adresses électroniques durant le récit, il n’est pas nécessaire de l’inscrire à chaque début de courriel. Cela dit, tous les éléments nécessaires à la compréhension du cadre narratif se trouvent dans la mise en page et ils suffisent pour que nous comprenions que nous lisons un échange de courriels entre deux personnages.

      Pour ce qui est de la narration, le récit est composé uniquement des courriels que s’échangent les correspondants. C’est ce qui fait le charme du roman selon moi! C’est grâce aux courriels envoyés que nous en apprenons davantage sur la vie des personnages.

      Je te remercie pour la référence! Je me suis procurée l’ouvrage de Barthes peu de temps après avoir terminé ma communication et j’ai bien hâte de le lire.
      J’espère avoir répondu à tes questions 🙂

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  2. Bonjour Ophélie,

    Merci pour cette communication intéressante. La conclusion commente les formes de remédiatisation qui surviennent respectivement dans le cas du roman épistolaire et du roman par courriels. Ce dernier opèrerait une « remédiatisation à rebours », par laquelle la lettre change de support (du courriel à l’imprimé). Cette réflexion m’a fait penser à la question suivante : avez-vous connaissance d’œuvres numériques qui se présenteraient inversement sous la forme d’un roman épistolaire traditionnel, par échange de lettres imprimées, mais remédiatisées à l’écran ? Et – question connexe – y a-t-il des exemples de « romans par courriels » nativement numériques ?

    Bien cordialement,
    Mélodie

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  3. Bonjour Mélodie,

    Merci pour ton commentaire! En ce qui a trait à ta première question, je n’ai malheureusement pas de réponse puisque je ne connais pas d’exemples littéraires de ce type d’oeuvres numériques. Évidemment, plusieurs films sont des adaptations cinématographiques de romans épistolaires, comme Le cercle littéraire de Guernesey (2018) qui est une adaptation de la fiction épistolaire Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates (2008). Il y a donc passage d’une oeuvre imprimée constituée de lettres, à une oeuvre pensée pour être diffusée à l’écran. Par contre, il serait intéressant de réfléchir à la pertinence qu’aurait la transformation d’un roman épistolaire traditionnel à un roman par courriels.
    Pour ce qui est de ta deuxième question, il existe des romans exclusivement numériques qui utilisent le courriel comme mode de publication et de diffusion. En me référant à l’ouvrage de Benoît Melançon que je cite dans ma communication, j’ai trouvé que Michael Betcherman et David Diamond ont fait de leurs romans The Daughters of Freya (2004) et Suzanne (2007) des expériences exclusivement numériques. Afin de lire les ouvrages, le lecteur devait s’abonner en payant et recevait dans sa boîte de courriels, des messages constituant le roman acheté. L’expérience de lecture durait donc plusieurs jours et était ponctuée des courriels reçus. Mis à part ces exemples, qui ne sont pas des correspondances e-pistolaires, je n’ai pas réussi à trouver de romans par courriels rédigés et diffusés par ce moyen de communication.
    Merci d’avoir pris le temps d’écouter ma communication et j’espère avoir répondu à tes questions au mieux de mes connaissances 🙂

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    • Bonjour Ophélie, merci pour ce questionnement stimulant sur les charnières médiatiques. La remédiatisation à rebours est intéressante pour bien comprendre les jeux d’influence entre les médias. Un autre exemple me vient : Iphigénie en haute-ville de François Blais (les deux personnages s’envoient de longues salves écrites par courriel).
      Pour les exemples plus anciens et jouant de cette frontière médiatique, je me souviens du CD-ROM Ceremony of Innocence produit par la boîte de Peter Gabriel, Real World. C’est une adaptation du roman Griffin and Sabine de Nick Bantock, où les deux protagonistes (motif commun pour l’épistolaire…) s’écrivent des cartes postales – la transposition numérique amenait la mise en place d’une forme de jeu : https://en.wikipedia.org/wiki/Ceremony_of_Innocence

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